CHAPITRE XXI
La remontée vers le monde des vivants
William Turner, Mercure avertit Enée, 1850, Tate Gallery, Londres
Ils s'exclamèrent tous revenus enfin à l'air libre :
"Octavios est revenu ! Octavios est vivant ! Il a réussi à sortir indemne de ce monde des morts d' où l'on ne ressort jamais et où l'on reste pour l'éternité ! "
Octavios se précipita dans les bras de ses amis qui le congratulaient et déclara tout à sa joie :
"J'ai revu ma mère et elle m'a dit qu'il fallait que nous construisions notre cité sur une île et que cette ville nous l'appellerions Apollonia ! C'était elle le mystérieux prophète dont nous avait parlé Hécatis.
- Mais, sais-tu où se trouve cette île précisément ? interrogea la blonde Cythéris inquiète .
- Je ne sais pas encore... mais Apollon et Artémis nous aideront dans notre périple ! C'est pourquoi, nous devons reprendre une dernière fois la barre du navire immédiatement ! s'exclama Octavios .
- Si je puis me permettre, nous n'avons qu'un radeau. Or, et ce détail a son importance, soyons précis avec les mots, dans un radeau, il n'y a pas de barre ! Tu ne saurais rationnellement confondre une trière avec un bateau de pêcheur...
- De grâce Colydon, épargne-nous ta sapience maritime...coupa Edax.
- Sans ma sapience, comme tu dis, nous n'en serions pas là où nous sommes. De plus quelques provisions nous aideraient considérablement dans notre mission ! expliqua Colydon le capitaine.
- Ne t'inquiète pas, nous y songerons avant d'embarquer ! rétorqua Octavios .
- Père , tu ne m'as même pas serré dans tes bras! Tu m'as oublié ? s'exclama Bellos d'une voix triste .
- Bien sûr que non, mon enfant ! Crois-tu que cette aventure m'ait privé de sentiments ?"
Arrivés devant leur solide et inébranlable radeau des mers, Pythos constata fièrement en réajustant les bandelettes sacrées qu'il portait aux tempes :
" Ne vous inquiétez pas pour les provisions, nous en avons suffisamment ! Regardez , mes amis, c'est une offrande que nous ont faite les dieux !
- Bien ! Alors nous allons y aller ! "répondit Octavios .
Sur ces mots joyeux, ils embarquèrent une dernière fois sur la mer aux reflets azurés tout en riant.
William Turner, Le départ de la flotte, 1850, Tate Gallery, Londres